Yvette Théraulaz

juste la fin du monde de jean-luc lagarce

oct. 1999  juste la fin du monde de jean-luc lagarce

Mise en scène de Joël Jouanneau

Yvette Théraulaz joue la Mère au Théâtre de Vidy-Lausanne.
Avec : Marc Duret, Dominique Gubser, Antoine Mathieu, Pénélope Pierson, Jane Savigny, Nalini Selvadoray, Yvette Théraulaz, Christine Vouilloz
Photo de répétitions Les Solitaires Intempestifs

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SAVANNAH BAY De Marguerite Duras

mai 1998  SAVANNAH BAY De Marguerite Duras

Mise en scène Laurence Calame

Avec «Savannah Bay», le Théâtre Le Poche de Genève livre la reconstitution d'une vie à travers le morcellement du souvenir. Instants volés à la mort.
«Tu ne sais plus qui tu es, qui tu as été, tu sais que tu as joué, tu ne sais plus ce que tu as joué...» Enonciations, renonciations, tel est le schéma verbal auquel se conforment Madeleine, une vieille comédienne aux portes de la mort, et la jeune femme, sa probable petite-fille

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Un schéma qui, autour d'une pierre blanche, doit les amener à retrouver la trace de celle du milieu, l'amante magnifique. Savannah Bay, à l'affiche du Poche, regroupe les deux ingrédients fétiches de Duras: le doute et le désir. Le geste et la parole «Le jeu enlève au texte,il enlève de la présence au texte, de la profondeur, des muscles, du sang.»
Connue pour son goût de l'interprétation immobile où le comédien n'aurait «qu'à porter le texte hors du livre par la voix seule, sans les gesticulations», Marguerite Duras est une auteure théâtrale à haut risque. Choisir une autre option de mise en scène sans trahir la complexité de cette langue où cohabitent mille possibles relève du défi. Surtout lorsque, comme c'est le cas de Savannah Bay, la pièce a été écrite pour une comédienne en particulier, Madeleine Renaud, qui l'a donnée de façon magistrale.

Du haut de sa deuxième mise en scène, Laurence Calame assume très bien sa différence de point de vue. «Je pense que l'intelligence du jeu de l'acteur, par le geste qui est le contraire dela gesticulation, peut rendre compte du sens et de la richesse de la parole», explique-t-elle. Et en effet, du mouvement, il y en a dans cette version tripartite de Savannah Bay.
Jouant des didascalies (injonctions de jeu) quasi totalitaires de l'auteure, la metteure en scène déploie l'action en trois tableaux aux couleurs tranchées: l'hospice verdâtre auquel le public est tout d'abord initié par le récit authentique d'une infirmière romande en milieu sénile; la loge-boudoir vieux rose dont le miroir en miettes évoque le tumulte des souvenirs en lambeaux et, enfin, le bar colonial couleur sable où la nostalgie l'emporte sur le besoin de savoir, où déjà on parle à l’imparfait, des adieux dans la voix.
Mouvement également dans le jeu des comédiennes. Ariane Moret, surtout, qui compose une «Jeune femme» affairée et précise. Jusqu'au troisième tableau, cette petite-fille en quête de passé a des accents de commissaire. Manipulant enregistreur, gâteaux, fripes, aiguilles et barrettes, elle s'empresse autour de la comédienne décatie, échouée, interprétée tout en nuances par Yvette Théraulaz. Deux voix très contrastées qui finissent par n'en faire plus qu'une, réconciliée dans un même désir.


SAVANNAH BAY


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Peepshow dans les Alpes de Markus Köbeli

janv. 1998  Peepshow dans les Alpes de Markus Köbeli

Mise en scène Robert Bouvier

Yvette Théraulaz crée la Mère au Poche à Genève et du 25 février au 22 mars sous le chapiteau du Théâtre de Vidy à Lausanne puis tournée en France.
Photo Marcel Imsand

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j'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne de jean-luc lagarce

févr. 1997  j'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne de jean-luc lagarce

Yvette Théraulaz joue la Mère. Mise en scène de Joël Jouanneau, à la Passerelle du Théâtre de Vidy-Lausanne
puis du 8 avril au 7 mai au Poche à Genève

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J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne


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PIERROT LUNAIRE D'Arnold Schönberg

janv. 1997  PIERROT LUNAIRE D'Arnold Schönberg

Poèmes José-Flore Tappy / Mise en musique par Jacques Demierre / Mise en scène François Rochaix

Réunis sous une même énorme lune, impassible, narquoise ou menaçante, «Pierrot lunaire» et «Pierre eau lune air» (de Jacques Demierre, sur des poèmes de José-Flore Tappy) distillent les parfums d'une soirée étrange. Accompagnée d'un ensemble instrumental soudé, dont le trio Al Piacere, Yvette Théraulaz a osé un Schönberg en français et à sa façon - habitée, contrastée et cocasse - dans un parlé chanté qu'elle a bien su s'approprier.

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Mais le fait que l'on comprenne chaque mot de ces brefs poèmes délirants souligne l'aspect anecdotique et redondant de la mise en scène de François Rochaix qui, à force d'accessoires et de gestes explicatifs, fait basculer ce Pierrot symboliste vers un réalisme qui lui rogne l'habit.
Puis, avec «Pierre eau lune air», le rêveur cède sa place à une femme en rouge, bien réelle, qui dit la destinée humaine - humble, blessée et digne - avec, sur ses épaules, «la lourde tresse du soleil». Autre univers. La musique se fige à l'horizontale, tend un carcan rythmique complexe (inspiré du langage morse) sur lequel se découpent les mots, principalement parlés. Pour cette «réponse à Schönberg» qu'il ne voulait résolument pas allusive, Jacques Demierre a renoncé aux gestes expressifs, mobiles et théâtraux qui caractérisent d'habitude sa musique. Il a visé l'ascèse, impose une dureté de l'ordre du minéral qui tourne le dos à Schönberg et laisse Pierrot interloqué, entre émotion des mots et perplexité.



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L'IDIOT De Fiodor Dostoïevski

nov. 1995  L'IDIOT De Fiodor Dostoïevski

Mise en scène Joël Jouanneau

« Il n’y a au monde qu’une seule figure positivement admirable, le Christ », affirmait Dostoïevski tandis qu’il écrivait « L’Idiot ». En une seule phrase, le maître romancier donnait une indication précieuse, dont Joël Jouanneau s’est emparé pour adapter et mettre en scène ce sommet de la littérature. Son nouveau spectacle est un cérémonial quasi religieux, mais libéré de tous les dogmes, sinon celui de la passion.
Photo Mario Del Curto

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On ne sait ce qui séduit le plus dans ce rituel fantasmatique : la beauté du dispositif scénique de Jacques Gabel, simple plancher de bois marqueté aux délicates teintes automnales ; les lumières de Frank Thévenon, plus chorégraphe que plasticien, commandant à ses faisceaux lumineux de telle manière que les acteurs apparaissent ou disparaissent de l’aire de jeu comme personnages de songe ; les costumes de Jannine Gonzalez, librement inspirés d’un XIXe siècle de fiction et empruntant à aujourd’hui la fluidité des matières et la tranché des couleurs ; la troupe réunie par Joël Jouanneau, qui est l’occasion pour lui de reformer le couple Pilippe Demarle (le prince Mychkine) et Jean-Quentin Châtelain (Rogojine), six ans après le succès du « Bourrichon », l’adaptation du roman de Dostoïevski, les mille et une pas de « L’Idiot » comme parcourues sans trahison aucune par un Jouanneau dont on soit les talents de lecteur.

Le metteur en scène livre joliment les clés de son entreprise : « Le début de « L’Idiot », ce prince avec son seul baluchon qui rentre de suisse, c’était vraiment le début des « Enfants Tanner » (de Robert Walser) que j’avais adapté quelques années avant. Et surtout cette virginité qui était aux héros de Walser et de Dostoïevski. Le premier aimait le second, j’aimais le premier, je n’ai fait que suivre le fil. Alors, alors seulement, l’idée m’est venue : ce que tu n’as pas su totalement dire avec Walser, tu le diras avec Dostoëivski. Or, c’était quoi ? C’est flou, forcément, sinon je l’aurais dit, mais s’il fallait le cracher, là, maintenant, ce serait : la virginité, c’est la mort. Ou encore : la neige, c’et déjà de la boue. Ou autrement : le jardin d’Eden ouvre la porte du Déluge. »

De ce déluge de not, de ce torrent d’émotions, de ce délire des qui font de « L’Idiot » une fréquentation obligée et toujours bouleversante – surtout dans la prodigieuse adaptation d’André Markowicz chez Actes Sud – Joël Jouanneau s’est emparé en exorciste, exorciste des sa propre peur de lecteur, de l’effroi qu’un tel mythe peut susciter, du fatras des traductions et adaptations antérieures pour la scène et l’écran, du carcan slave dans lequel on a souvent enfermé « L’Idiot ».



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LEYLA Récit d'exil Texte Leyla Chammas

mars 1995  LEYLA Récit d'exil Texte Leyla Chammas

Mise en scène Philippe Morand

Yvette Théraulaz donne voix au texte autobiographique Leyla, récit d’exil de la réfugiée libanaise Leyla Chammas, mise en scène par Philippe Morand à l’Atelier Volant de Lausanne, avec le musicien François Nicod ; spectacle présenté dans sept autres villes romandes

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Un spectacle bouleversant
Leyla et Simone Oppliger, auteur du texte et des photos de ces pages, se lient d'amitié en 1990 au centre pour réfugiés. Exilée en 1993 dans un village du Maine-et-Loire, logeant dans une maison insalubre, inchauffable, deux enfants très malades, sans permis de séjour, ni travail ni argent, Leyla écrit à Simone. «J'avais besoin d'elle, je sentais qu'elle me comprenait.»

Leyla pleurait en écrivant sa première lettre, début d'une écriture-confidence qui la libérait de toutes les émotions, les peurs, les peines, les chocs et les chagrins entassés depuis plus de vingt ans sans exutoire.
Leyla pleurait en découvrant le livre de Simone «Le Cœur et la terre», édité par le Nouveau Quotidien, qui se clôt par l'histoire des Chammas et de leurs trois enfants, le dernier est né à La Chaux-de-Fonds.

Leyla pleurait quand elle vit Yvette Théraulaz dire le texte extrait de ses lettres. «Je m'étais préparée, je l'avais lu plusieurs fois, et pourtant je n'arrivais pas à me séparer de moi-même, je ne pouvais pas voir Yvette comme quelqu'un d'autre que moi.» De ces larmes, de ce vécu, le spectacle tire une énergie saisissante. Yvette Théraulaz est bouleversante d'intensité et d'émotion.

Une rencontre avec Leyla ne s'oublie pas. Ses grands yeux volontaires. Son sourire et son humour soudain chassés par la colère et l'angoisse. Comment pardonner à la Suisse, «pays de loi», qui a chassé les siens? Au Liban, «pays sans loi», elle peut pardonner. Elle n'y fera pas grandir ses enfants. «Je l'ai aimé comme aucun autre pays. Mais personne ne peut expliquer pourquoi la guerre a cessé; elle peut reprendre n'Importe quand. Mes enfants ne vivront pas ce que j'ai vécu.» C'est peut-être incompréhensible pour nous autres mais c'est ainsi: «Ceux qui me demandent pourquoi je ne rentre pas ont vécu la guerre à la TV...» Leyla dit encore qu'elle n'assiste pas non plus à la guerre de Bosnie comme nous, elle la vit: «A la télévision, je les vois courir sous les balles comme j'ai couru. Vous ne pouvez pas comprendre ces gens comme je les comprends.» Celle qui a tant écrit à Simone Oppliger a encore beaucoup à nous dire.


Leyla Récit d'exil


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